Accueil Culture VIENT DE PARAÎTRE | «Les dérives contraires en Tunisie»

VIENT DE PARAÎTRE | «Les dérives contraires en Tunisie»

Dans un débat fécond et intransigeant avec la pensée de Carl Schmitt, le théoricien du décisionnisme, l’auteur s’interroge sur la question politique tunisienne dans un ouvrage précieux qui éclaire et interpelle.

“Les dérives contraires en Tunisie” est l’intitulé du nouvel ouvrage de l’auteur Hatem M’rad, paru le 10 mai aux éditions Cérès. Et dans cet opus de 224 pages, l’auteur écrit : «La Tunisie est passée brusquement de la sous-autorité d’une transition démocratique malmenée à la sur-décision et à la sur-autorité de l’Etat d’exception, décidé un 25 juillet 2021, incarnant un autoritarisme qui s’appuie sur une certaine idée du droit».

Rongée par l’indécision, qui s’est propagée dans toutes les sphères politiques, affectant acteurs et institutions, la démocratie tunisienne est parvenue au stade de l’agonie dix ans après une ”douce” révolution, note Hatem M’rad.

Ce livre porte sur la confrontation de la théorie décisionniste de Carl Schmitt avec la situation politique tunisienne post-révolution. Comme le précise l’auteur dans le livre: «Dans mon esprit, le décisionnisme pouvait sauver l’autorité de l’Etat, en perdition, mais juste dans la “conflictualité démocratique“ et le pluralisme des valeurs, comme le préconisaient Max Weber, un des inspirateurs lointains de Schmitt, ou Hermann Heller, un de ses critiques. Un décisionnisme aussi nécessaire qu’incontournable en démocratie, au-delà des fausses apparences, qui ne soit pas extensible et abusif, conférant à une seule autorité exécutive, et non à plusieurs, et quel que soit le régime politique envisagé, parlementaire ou présidentiel, le droit de dire le dernier mot. Un décisionnisme, qui ne soit pas de type “exceptionnel“, selon le mode schmittien, dans l’œuvre constituante ou dans l’œuvre gouvernementale, mais qui soit de type institutionnel, comme on l’observe dans les régimes démocratiques occidentaux, parlementaires ou présidentiels, qui parviennent à faire cohabiter ensemble ordre et liberté, décision politique et respect des droits.Dans un débat fécond et intransigeant avec la pensée de Carl Schmitt, le théoricien du décisionnisme, l’auteur s’interroge sur les dérives tunisiennes vers un inconnu. Ce qui le conduit à repérer les conditions de possibilité de la formation d’un Etat viable, solide, garant des libertés, bref, un Etat raisonnable. Hatem M’rad est professeur de sciences politiques à l’Université de Carthage. Il est président fondateur de l’Association tunisienne d’études politiques (Atep) et directeur de la Revue tunisienne de science politique (Rtsp). Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié «Libéralisme et anti-libéralisme dans la pensée politique» (Paris, Editions du Cygne, 2016).

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